Elodie Vignoli

Ostéopathe à Retournac

Prendre soin de sa cicatrice de césarienne

Avril est le mois international de sensibilisation à la césarienne

La césarienne est une intervention chirurgicale pour faire naître un enfant, lorsque les conditions pour le faire par voie basse sont impossibles. Elle se déroule sous anesthésie (rachianesthésie ou anesthésie générale). Elle est soit programmée si les conditions par voie basses sont contre-indiquées, soit fait en urgence lors de complications pendant le travail.  

En France, cela concerne environ 20% des accouchements … Et personne ou presque dans le monde médical n’informe qu’il est important de prendre soin de sa cicatrice après l’opération, pour sa qualité de vie en général et encore plus si on envisage une nouvelle grossesse par la suite. 

 

En ce mois international de sensibilisation à la césarienne, voici donc mes conseils pour prendre soin de sa cicatrice de césarienne dès la naissance. Il ne sont pas exhaustifs et chacune trouvera ses propres pistes pour son chemin après césarienne. 

 

 Pourquoi prendre soin de sa cicatrice de césarienne ?

  • Pour intégrer cette naissance par « voie haute », ne pas rester sur un potentiel traumatisme.
  • Pour optimiser la cicatrisation, c’est à dire la réparation et régénération des tissus incisés (peau, complexe musculo-aponévrotique abdominal, péritoine, puis segment inférieur de l’utérus). Le tissu cicatriciel ne sera jamais de la même qualité que le tissu initial, mais une bonne vascularisation et un bon drainage lymphatique de la zone permet d’optimiser les processus de cicatrisation pour faire du tissu cicatriciel le tissu le plus proche fonctionnellement du tissu initial. 
  • Pour éviter les adhérences, les restrictions de mobilité de la cicatrice qui pourraient entraver la mobilité de l’utérus, de tout les organes du petit bassin, de l’ensemble du bassin et par conséquent avoir des répercussions sur toute la posture
  • Pour éviter les douleurs de la cicatrice, les hyposensibilité (diminution de la sensibilité) de la zone.
  • Pour prévenir de la solidité et de la bonne élasticité de la cicatrice pour une future grossesse : les médecins ne conseillent pas une grossesse trop rapprochée en cas de césarienne, mais souvent n’indiquent pas non plus comment récupérer au mieux et éviter les complications d’une grossesse ultérieure à une césarienne ! Cet article a aussi pour but la prévention pour compléter une voie basse après une première naissance par césarienne (AVAC = Accouchement Vaginal Après Césarienne), ou pour optimiser une nouvelle césarienne (tout se passe mieux si les tissus que l’on incise ne présentent pas d’adhérences. 

 
Il est important d’en prendre soin sous tous ses aspects : physiquement, émotionnellement, « chimiquement », et même énergétiquement. Ce sont pour moi les piliers de la prise en charge globale d’une personne. Vous piocherez ce dont vous sentez que vous avez le plus besoin, mais il existe des grandes lignes indispensables : 
 

Physiquement :

  • Laissez la cicatrice à l’air libre le plus longtemps possible dès la naissance (peau à peau à gogo avec son bébé, restez allongée, ventre à l’air, profitez de l’arrivé de votre enfant). Je rajoute ici que mangez – boire – dormir devrait être la priorité les premiers jours pour récupérer. Vous venez d’accoucher, par césarienne qui plus est, vous aurez tout le temps de vous occupez de votre enfant mais les premiers jours, c’est vous qui devez être aidée, épaulée.
  • Cataplasme argile verte – dès que la cicatrice est refermée : rajouter 2 gouttes d’HE geranium ou 2 gouttes d’HE Helycrise (compatible avec l’allaitement). Laisser poser le cataplasme 30 minutes minimum ou + si possible.
  • Masser votre cicatrice : par étape, progressivement – cela ne doit pas être douloureux. Vous commencerez tout doucement par les premiers exercices puis au fur et à mesure de la cicatrisation, vous ferez le protocole entier. Patience et régularité permettront d’avoir les meilleurs effets : prenez le temps, 2 fois par jour si possible, pour vous masser.

    • Vous pouvez utiliser de l’huile végétale de rose musquée, ou bien n’importe quelle huile végétale (olive, arnica, etc.), et y rajouter rajouter soit 1 goutte d’HE de géranium soit 1 goutte d’HE d’Helycrise (compatible avec l’allaitement).

    • Au départ, regarder la cicatrice, honorer la naissance par voie haute de votre enfant. Progressivement, venir l’effleurer, la toucher, juste pour la reconnaitre.

    • Effleurer au-dessus / en dessous de la cicatrice pour relancer circulation lymphatique. De droite à gauche et de gauche à droite, puis des extrémités jusqu’au milieu de la cicatrice.

    • Avec un doigt ou deux, se mettre sur un point de la cicatrice, venir faire des petits ronds pour la mobiliser (regarder s’il y a une direction plus restreinte : en haut, en bas, à gauche, à droite).
      Faire un aller-retour sur toute la longueur de la cicatrice.

    • Mobiliser la cicatrise de haut en bas et de haut en haut, et de gauche à droite et de droite à gauche, pour l’étirer dans toutes les directions.
    • Doigts au-dessous et en dessus cicatrice, venir légèrement pincer et faire des ronds pour légèrement décoller la cicatrice. Faire un aller-retour.

    • On peut aussi travailler plus en profondeur la cicatrice grâce à des ventouses.

    • Les kinés et certaines sages-femmes ont aussi des appareils pour travailler en profondeur sur les cicatrices, renseignez-vous.

  • Reposez-vous, faites-vous aider pour les soins de bébé. Il n’y a pas de honte à se faire aider les premiers jours après une césarienne. Si votre cicatrice est trop douloureuse, demandez à ce qu’on vous apporte votre bébé, à ce qu’on le change pour vous, etc. Les papas seront ravis de le faire ! 
  • Pour vous relever : passer par la position allongée sur le coté, faites pendre vos jambes en dehors du lit (lit bas pour que vos pieds touchent par terre), et relevez le tronc d’un bloc en expirant. Prenez bien appui sur vos pieds au sol, et levez-vous en expirant de nouveau. Vous pouvez « resserrer » la cicatrice avec vos mains pour moins tirer dessus.
  • Faites vos efforts en expirant et en contractant le périnée : lorsque vous portez votre enfant, le cosy, les courses, etc. 
  • Adapter votre position sur les toilettes = un escabeau sous les pieds, penchée en avant, dos droit (essayer vous rapprocher des toilettes « à la turque »). Pour éviter les douleurs les premiers jours et ne pas tirer sur la cicatrice.
  • Ne pas laisser une constipation s’installer : hydratez-vous, buvez une cuillère de bonne huile pression à froid tous les matins, mangez des fibres, prenez du psyllium / graines de lin / graines de Chia, allez aux toilettes au premier besoin – mais ne forcez pas (cela forcerait sur le périnée).
  • Adopter la « Fausse Inspiration Thoracique » (méthode De Gasquet) (voir cet article, ou cette vidéo) pour commencer en douceur à tonifier les abdo et le périnée, et aider au drainage des viscères après l’accouchement. 
  • Vous pouvez porter un foulard serré sur le bassin ou une ceinture de grossesse (type physiomat) pour maintenir le bassin, resserrer la cicatrice afin d’éviter de sur-solliciter la zone et d’avoir trop de douleur. La ceinture est idéale aussi pour éviter de remettre trop de poids trop tôt sur le périnée encore vulnérable (même si pas de naissance en voie basse, les hormones de grossesse provoquent un relâchement tissulaire de la zone et le périnée a supporté le poids de l’utérus et du bébé pendant la grossesse).
  • Faites votre rééducation du périnée et des abdominaux chez votre sage-femme. 
  • Faites un bilan chez votre ostéopathe ! Si besoin avant que la cicatrice soit cicatrisée, pour enlever les tensions dûes aux derniers mois de grossesse et à l’accouchement (en fonction de ce qui c’est passé). L’abord de la cicatrice ne sera peut être pas d’emblé possible, mais toutes tensions du bassin, des viscères autours peuvent majorer les tensions de la cicatrice et interférer avec sa cicatrisation. Une fois la cicatrice abordable, l’ostéopathie tissulaire pourra aider à améliorer la vasculariation de la zone pour limiter au mieux les adhérences, les douleurs et les conséquences à court / moyen / long terme et localement comme globalement dans le schéma postural global
    Je glisse ici qu’un bilan pour votre enfant qui est né par césarienne peut être aussi à prévoir ! (Voir cet article)
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Emotionnellement :

  • Comprendre sa césarienne et accepter que la naissance ait eu lieu par voie haute. Toute une gamme d’émotion peut être ressentie après une naissance par césarienne, qu’elle soit programmée ou en urgence pendant le travail. Peur pour son bébé et pour soit-même en cas de grosse urgence ; soulagement et béatitude devant la médecine qui nous permet d’avoir accès à ce type de naissance de manière sécuritaire en cas de nécessité ;  honte, colère, dépréciation de ne pas avoir eu de voie basse ; etc. Chacune aura son propre spectre d’émotion suivant l’histoire de son accouchement. Il est important d’accepter ce que l’on ressent – même si ce n’est pas tout beau tout rose et qu’on ne supporte pas la phrase « mais le plus important c’est que tout le monde aille bien ». La santé mentale est importante aussi.
  • Au besoin, prendre rdv avec sa sage-femme et /ou avec le gynécologue qui vous a opéré, avec l’équipe présente ce jour-là pour clarifier les décisions prises pour votre accouchement et comprendre, mettre des mots sur votre vécus.
  • En parler à son médecin, et en cas de besoin, avoir le soutient d’une psychothérapie
  • Contacter des associations d’information et d’aide par rapport à la césarienne et à la dépression du post-partum : Association Césarine, sur instagram le compte « maman.cesarisee » ou des associations plus larges comme « association maman blues ». 
  • S’aider des fleurs de Bach (Rescue ou fleur spécifique, n’hésitez pas à me demander conseil,  …), des huiles essentielles (attention qu’elles soient compatible avec l’allaitement, le géranium, et la lavande vraie sont des options), pour s’épauler lors des coups de blues. 
 

Chimiquement :

La césarienne reste une chirurgie abdominale majeure, parfois banalisée car mise de coté par la bonne nouvelle de l’arrivée du bébé. Il n’en reste pas moins que pendant la chirurgie, la maman est sous anesthésie (rachianesthésie ou anesthésie générale), et sous antibiotiques pour prévenir les risques infectieux.

  • Prenez de l’homéopathie : Staphysagria 9CH 5 granules 3 fois par jour / 2 tubes et Arnica 9CH 5 granules 3 fois par jour 
  • Se drainer de l’anesthésie : hydratez-vous !  
  • Prenez soin de votre alimentation, qui doit être saine, diversifiée, pour faire le plein de vitamines et d’oligo-éléments pour aider à la cicatrisation. (Le top serait de prévoir avant l’accouchement des plats à mettre au congèle, ou de demander aux visiteurs de vous apporter de quoi vous restaurer). 
  • Prendre des probiotiques pour rebalancer le microbiote intestinal (+++ si vous allaitez votre enfant, car il a reçu lui aussi les antibio et n’a pas bénéficié de votre flore vaginal comme première colonisation du microbiote).
  • Prenez de la spiruline, super méga-aliment pour refaire le plein d’énergie, refaire le stock de fer et de vitamines.
  • Voir un naturopathe au besoin : pour faire le point sur les vitamines, oligo-éléments à prendre pour favoriser la cicatrisation.
 

Energétiquement :

  • Consultez un acupuncteur, magnétiseur, praticien Reiki ou tout autre professionnel pour rééquilibrer énergétiquement votre corps après la chirurgie de césarienne. Ce sont de super supports dans tous les cas lors du post-partum !
  • Offrez-vous un rituel pour clôturer la naissance : massage, soin Rebozo avec des Doulas, célébration en famille de l’arrivé de votre enfant, etc. !
 

Profitez bien de votre nouveau-né

 

Elodie VIGNOLI